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« L’HUMANITE A LE CHOIX ! » face au réchauffement climatique

Un résumé de la conférence donnée par le Professeur et climatologue van Ypersele le jeudi 28/11 dernier au couvent des spiritains de Gentinnes (Memorial Kongolo) à l’initiative de l’Unité pastorale de Chastre.

Vive les gaz à effet de serre ! C’est grâce à eux qu’un équilibre vital est maintenu sur notre bonne vieille Terre. Un équilibre qui nous offre une température de 15° en moyenne tandis qu’elle serait sans cela de -18°. C’est ce déséquilibre relativement récent qui est la cause de tout.

Jean-Pascal van Ypersele, Professeur, climatologue, vice-Président du GIEC (2008-2015), membre du Earth & Life Institute (UCL) et du Centre Georges Lemaître (UCL), est venu nous entretenir de notre responsabilité dans les changements climatiques actuels.

Combustibles fossiles: tous à l’index !
Cet équilibre est gravement menacé depuis l’industrialisation (milieu du XVIIIe), car celle-ci augmente les émissions de CO² au travers principalement de l’utilisation de combustibles tels que le pétrole, le charbon et le gaz. La présence grandissante de ce CO² épaissit la couche protectrice de notre planète et a pour effet de réchauffer cette dernière. Les épisodes caniculaires et de sécheresse sont dès lors devenus plus fréquents et les grosses précipitations dues à une plus grande évaporation de l’eau aussi. Tout se tient.

Finies les flambées un soir d’hiver…
Le Professeur van Ypersele cita également le bois dans les combustibles fossiles polluants. Étonnant ! Il expliqua que la combustion du bois dégage, plus que le mazout ou le gaz, des particules fines, néfastes pour la respiration, en particulier dans certains contextes climatiques (brouillard). Intuitivement, nous étions nombreux à penser que le bois brûlé, combustible naturel, pratique millénaire, ne pouvait pas faire de tort. Eh bien si ! Certains pays en ont d’ailleurs déjà interdit la combustion, conclut Jean-Pascal van Ypersele.

Montée du niveau des mers
Par ailleurs, les océans dont un des rôles est d’absorber le CO² ne savent plus où donner de la tête. En conséquence de quoi, ils s’acidifient, ce qui est néfaste pour les espèces marines, des coraux aux poissons en passant par les crustacés. En outre, les glaciers, notamment les calottes glaciaires, fondent, ce qui augmente le niveau des mers : 20 centimètres de plus depuis le début du 20e siècle. Enfin, les océans se réchauffent, ce qui a pour conséquence une dilatation des molécules d’eau qui prennent dès lors plus de place.

Le réchauffement climatique fait-il partie d’un cycle naturel ?
Non, le réchauffement climatique observé ne peut être expliqué que par des facteurs naturels (éruptions volcaniques ou solaires ponctuelles, etc.). Non. Ce sont bien des facteurs humains qui entrent dans l’explication de cette augmentation de température. Parce qu’ils s’insèrent dans un cycle naturel qu’il perturbe.

Des rapports de plus en plus fermes !
Le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) en a acquis la quasi certitude au fil de ses travaux, le réchauffement climatique est causé par des facteurs humains :

le réchauffement climatique est causé par des facteurs humains

  • 1995 : « Les activités humaines entraînent un accroissement de la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ce qui tend à produire un réchauffement du climat. »[1]
  • 2001 : « (…) la majeure partie du réchauffement observé au cours des cinquante dernières années est due aux activités humaines. »[2]
  • 2007 : « On peut avancer avec un degré de confiance très élevé que les activités humaines menées depuis 1750 ont eu pour effet net de réchauffer le climat. »[3]
  • 2013/2014 : « Il est extrêmement probable que l’influence humaine soit la cause principale du réchauffement observé depuis le milieu du 20ème siècle. »[4]

Les leviers sont à portée de main
L’hypothèse d’une cause humaine au réchauffement climatique a aujourd’hui une base solide. La bonne nouvelle, c’est que nous savons ce que nous devons faire, comment agir, pour réduire, voire supprimer nos émissions de CO². Nous avons les leviers. Reste à les actionner…

Les acteurs économiques doivent être mis devant leurs responsabilités. « Pollueur payeur ! » C’est un langage qui parle. Sans oublier de réfléchir ensuite à la meilleure façon d’utiliser l’argent récolté de sorte qu’il facilite la transition énergétique. On peut diminuer la consommation d’énergie et se tourner vers des énergies plus propres. Tout en évitant des effets sociaux préjudiciables.

Accompagner la transition
C’est un mauvais calcul d’obliger un pays à se passer du jour au lendement du système énergétique sur lequel il se base si l’on sait que cela va provoquer des réactions en chaîne et notamment sociales. Il faut pouvoir accompagner la transition, offrir des alternatives. Le nucléaire en particulier n’a pas d’avenir économique devant lui, estime le Professeur van Ypersele, il finira par être abandonné au terme idéalement d’une transition organisée.

Mobilité douce
La mobilité devrait faire plus de place aux piétons, aux vélos (électriques), aux transports publics tout en tenant compte de la spécificité de chaque espace. La ville et la campagne présentent en effet des réalités différentes où la voiture ne tient pas le même rôle. Celle-ci gagnerait par ailleurs à être électrique. La filière belge de recyclage de ses batteries est prête, confirme Jean-Pascal van Ypersele. Enfin, limiter les avions présente un avantage certain en terme de pollution, qu’elle soit d’ailleurs énergétique ou sonore…

Semeurs de confusion plutôt que climato-sceptiques
Le Professeur van Ypersele fait une distinction terminologique utile entre les vrais climato-sceptiques et ceux qui s’autoproclament tels tandis qu’ils sont davantage des « semeurs de confusion ». En effet, le scepticisme est une approche plutôt saine dans la démarche scientifique. L’esprit critique, la remise en question, l’usage de la raison en font partie intégrante. Ce n’est toutefois pas l’apanage de ces soi-disant climato-sceptiques en réalité sans attitude scientifique qui à grands renforts d’exposés infondés sèment en réalité la confusion plus qu’ils ne font avancer la réflexion. Pensons à ces platistes, sceptiques quant à la rondeur de la Terre, qui remportent malheureusement un certain succès médiatique.

Sandrine

Pour aller plus loin
Présentation du 28 novembre 2019 à Gentinnes
https://plateforme-wallonne-giec.be/
https://www.chastre.be/ma-commune/vie-politique/conseil-consultatif-energie-climat



[1] https://archive.ipcc.ch/pdf/climate-changes-1995/ipcc-2nd-assessment/2nd-assessment-fr.pdf
[2] https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/08/TAR_syrfull_fr.pdf
[3] https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/ar4_syr_fr.pdf
[4] https://www.climat.be/files/9114/1500/9514/141102_IPCC_AR5_SYR_key_messages_FR.pdf

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